Sexologue clinicienne, Psychothérapeute, Thérapeute de Couple à Marseille
Les codes de la parentalité ont beaucoup évolué depuis quelques décennies. Chaque génération de parents vit dans une société où injonctions, obligations, codes, devoirs, besoins et attentes à propos de l’éducation de leur enfant diffèrent de ce qu’ils ont pu connaitre dans leur propre éducation.
Nous sommes passés d’un mode éducatif où les parents « avaient raison », avec souvent peu d’écoute de leurs enfants, où on ne disait pas « je t’aime » à ses enfants, car « cela allait de soi ». L’enfant était mis à la place d’enfant « sage », c’est-à-dire une place où il devait écouter ses parents et répondre à leurs attentes. Et surtout ne pas les déranger …
La génération actuelle considère leurs enfants d’une toute autre manière, le plus souvent. En tant que parent, nous voulons le meilleur pour eux, nous voulons qu’ils réussissent, nous voulons qu’ils soient heureux, nous faisons beaucoup de projections mais surtout nous voulons être aimés par eux et nous nous sentons responsables de leur réussite sociale. Les codes ont changé …
Au vu de mon expérience professionnelle, j’entends beaucoup de couples épuisés par leur progéniture, se sentant envahis par la somme de tâches à effectuer, n’arrivant plus à gérer leurs enfants, se sentant dépassés. Les parents se sentent souvent seuls, sans forcément avoir de ressources pour se reposer (les grands-parents par exemple, qui ont eux aussi changé les codes et veulent profiter de leur vie de retraités, sont encore en activité ou à distance géographique). Ils en viennent à ne plus voir le bonheur que la parentalité peut apporter, ne voient plus que les points négatifs. « Attention, je les aime, mais je n’en peux plus », voilà ce que j’entends très souvent dans mon cabinet.
La recherche de la perfection dans la parentalité donne aux parents une sensibilité accrue aux émotions de leurs enfants, ce qui souvent leur donne un sentiment de culpabilité latente de ne jamais être suffisamment de « bons parents ». Ils se mettent une pression énorme, tout comme ils le font dans leur vie professionnelle, familiale et sexuelle. Et l’enfant devient la priorité.
Même durant leur parentalité, le couple a besoin d’espaces intimes, de connexions, de retrouvailles, de complicité, de se reconnaitre dans leur genre et dans la séduction pour se retrouver dans une sexualité épanouie, en tant qu’adultes.
Des manques à ces niveaux vont directement impacter leur vie intime et sexuelle : fatigue, manque de temps, nuits incomplètes, dissonances sur le mode éducatif, culpabilité. Le couple n’est tout simplement plus la priorité et la sexualité l’est encore moins.
Mettons les choses au clair sur la parentalité : de bons parents ce sont des parents d’accord sur le mode éducatif à donner à leurs enfants, qui se soutiennent mutuellement devant des difficultés, qui savent lâcher prise sur la perfection, qui savent donner des limites à leurs enfants, les aimer sans tout permettre, afin qu’eux-mêmes puissent continuer à vivre pleinement leur vie individuelle et de couple. Ce sont aussi des parents qui savent se remettre en question, qui apprennent à être parents avec de l’adaptation. Car chaque enfant est différent, ce qui a pu fonctionner avec l’un n’ira pas avec l’autre.
Donner des limites à ses enfants c’est avant tout connaitre nos besoins en tant que personne et couple pour garder cette intimité. Un enfant a besoin de limites justes, d’être encouragé, soutenu, valorisé, aimé inconditionnellement, entendu… mais en restant à sa place d’enfant.
Evidemment, un enfant a des besoins différents de présence et de soins selon son âge. Les premiers mois de la vie d’un enfant est une parenthèse particulière pour la vie du couple qui devient parent et il est normal que la sexualité à ce moment- là soit mise de côté. Elever un enfant comporte des étapes, selon son âge et il faut pouvoir s’adapter, sans s’oublier.
Passés les premiers mois, une mise en place doit pouvoir se faire pour que les parents eux aussi continuent d’exister dans leur couple et ne pas devenir « que des parents ». Et d’ailleurs, cela ne se vit en général pas de la même manière selon le sexe du parent, dans un couple hétérosexuel. Sans faire de généralisation, les femmes se sentent souvent « mères » principalement, alors que le père continue à avoir sa place d’homme plus facilement. Le père joue un rôle important pour remettre l’intimité et la sexualité dans le couple, avec bienveillance et réassurance. Il peut aider sa compagne à prendre conscience qu’elle n’est pas « qu’une mère » mais aussi une femme et l’aider, si elle le désire, à traverser cette étape parentale pour être à la fois maman et femme.
Quant à la parentalité dans un couple homosexuel, les mêmes problématiques peuvent surgir mais souvent amoindries au niveau des rôles, les deux personnes se sentent souvent dans un rôle commun de mère ou de père. Les mêmes problématiques par rapport à la place de l’enfant ainsi qu’à la place de l’intimité et de la sexualité se posent toutefois.
Un enfant aime automatiquement ses parents, même si ceux-ci ne répondent pas à ses besoins. Lorsqu’un parent a besoin que son enfant l’aime, c’est que le parent est dans une tentative de réparation de sa propre enfance, ou bien qu’il culpabilise rapidement de ne pas répondre aux attentes supposées de son enfant.
Dire non à un enfant lorsque la décision est juste, c’est lui poser des limites qui vont le sécuriser car en tant que parent vous êtes l’interlocuteur principal de cette sécurité et votre assurance est sécurisante en montrant à votre enfant que vous prenez la bonne décision.
Par conséquent la parentalité, soit le fait de fonder une famille modifie complètement le couple, qui a moins de temps psychique et physique à se consacrer. Se mettre d’accord, accepter de continuer d’exister en tant que personne en-dehors de la parentalité, s’adapter dans les moments d’intimité et de sexualité, permet de se retrouver dans un lien qui peut même être plus fort et intense, que ce soit au niveau affectif ou sexuel. Avoir un enfant n’est pas une épreuve, c’est une joie immense, mais qui demande de savoir mettre de l’espace à l’individu et au couple pour faire évoluer sa vie de couple et sexuelle.